Voilà un article que j’envisageais d’écrire depuis un très, très long moment. À l’origine, il aurait du s’appeler “2 ans sans Zara” mais la situation a depuis quelque peu évolué.
Anciennement grande adepte des achats compulsifs et commandes en masse, j’avais une carte de fidélité dans chaque grande enseigne de fast fashion. Toutes y passaient : Zara, H&M, Mango, Promod, Camaïeu, Pull & Bear, Berschka, Stradivarius et j’en passe.
Dès qu’un petit tracas impactait mon quotidien, hop ! Un t-shirt par-ci, une paire de chaussures par-là. Et le tout couronné d’une belle réduction de -15% sur l’ensemble de mon panier ! Quelle affaire !
Seulement voilà. J’ai eu le déclic. Oui, il m’aura fallu 15 ans de carte de crédit pour comprendre que non, cette robe à 14.99€ n’allait va pas me rendre plus heureuse. Ce serre-tête en velours pailleté non plus. Et encore moins ce sac acheté en solde à moitié prix. Tous ces artifices n’achèteraient ni ma confiance moi, ni ne redoreraient l’image lamentable que j’avais de moi à l’époque. Et puis, parlons franchement, la surconsommation c’est craignos et chez moi, c’est pas Versailles : vous serez surpris d’apprendre que je n’ai pas de pièce dédiée à mes 423 paires de Jimmy Choo (du moins pas encore).
Je vous passe l’évidente hausse des prix pour une baisse de qualité notable sur l’ensemble des marques précitées. Seul SHEIN faisait exception, avec des prix imbattables et un délai d’envoi probablement mentionné dans le Guinness des recors. Et pourtant, malgré ces nombreux avantages, l’attrait de l’ultra fast fashion n’aura duré que le temps d’une commande. Une nouvelle collection chaque mois, même plus le temps de profiter de ses achats qu’il faut déjà y retourner pour faire le réassort. Et c’est allé de fil en aiguille, comme on détricote un vieux pull. J’ai abandonné toutes ces marques que je croyais être de fidèles alliées mais qui n’étaient en réalité qu’un gouffre financier.
En février 2021, je payais mon dernier panier chez la fameuse enseigne espagnole Zara avant de découvrir avec horreur cette vidéo qui ferait le tour du monde. Des images montrant la détresse de prisonniers Ouïghours, livrés en pâture à ces usines déshumanisées dont Raphaël Glucksmann parle si bien.
Toute cette organisation méthodique qu’est l’industrie de la fast et l’ultra fast fashion génère certes des prix encore moins chers et des envois encore plus rapides mais a des conséquences encore plus désastreuses sur l’environnement et les droits humains.
Alors non, je ne vais pas culpabiliser celles et ceux qui trouvent leur bonheur auprès de ces enseignes. Déjà parce que je ne suis pas Mère Teresa et que par extension, je ne mérite pas d’être canonisée, mais surtout parce que ça ne servirait pas la cause. Et puis, comme je le dis toujours : on fait ce qu’on peut avec les moyens qu’on a.